Ces photographies ont été prises un peu partout dans le monde. Le lieu importe moins que l’état mental dans lequel les photographies de ces espaces veulent vous amener. Mieux qu’une explication fastidieuse, j’ai trouvé un texte de Christian Bobin qui résume bien la situation:

C'est plus fort que vous: il vous est nécessaire de refuser une quantité considérable de rencontres, afin de préserver une chose dont la plus juste formule est rien: ne rien faire, ne rien dire presque rien être. Vous y découvrez le coeur battu par le rien du sang dans les veines.

C'est un état limite dont vous avez besoin, une mince ligne de rien entre l'ennui et le désespoir et la joie qui passe en funambule sur ce fil, la joie qui se nourrit précisément de rien, par exemple d'un regard sur le ciel et la terre... depuis votre paresse: une lumière transparente, un bleu sans épaisseur, du gris plus vraiment gris.

On dirait que les anges viennent de laver leur linge et que, n'étant riches que de leur seul amour, ils portent toujours la même lumière, rendue transparente par des milliers de lessives.

La seule tristesse qui se rencontre dans cette vie vient de notre incapacité à la recevoir sans l'assombrir par le sentiment que quelque chose en elle nous est dû; rien ne nous est dû dans cette vie, pas même l'innocence d'un ciel bleu. Le grand art est celui de remercier pour l'abondance à chaque instant donnée.

Christian Bobin (adapté)
écrivain

Ces photographies sont une variante chinoise de ce remerciement, une révérence devant la vie dans son manteau de rien, doublé d'amour.

Elles sont comme des ponctuations à mon travail.